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Comment le microbiote oral affecte votre santé globale


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Moins connu et moins exploré que le microbiote intestinal, l'écosystème de la cavité buccale est néanmoins un acteur capital de la santé globale. Les signes laissant suggérer une dysbiose (déséquilibre) orale restent malheureusement banalisés. Haleine chargée, gencives gonflées, langue fissurée et saignements gingivaux lors du brossage n'attirent pas vraiment l'attention des personnes concernées - ni même des soignants la plupart du temps. La lecture de cet article vous fera découvrir les conséquences systémiques (à distance de la bouche) d'une altération de l'équilibre du microbiote buccal et vous incitera à la vigilance si vous constatez certaines manifestations dysbiotiques dans votre bouche.

Ce que vous allez découvrir :

- la complexité de l'écosystème de la bouche
- les principaux acteurs de la cavité orale : la salive, les dents et les micro-organismes
- zoom sur la plaque dentaire
- les facteurs qui déséquilibrent le microbiote de la bouche et les solutions hygiéno-diététiques
- zoom sur les conséquences des troubles du comportement alimentaire - TCA - sur la santé de la bouche
Le détail des stratégies dédiées à la restauration de la santé de la bouche feront l'objet d'un prochain article.

La bouche et son écosystème :

La bouche - c'est-à-dire la cavité buccale - est considérée comme une porte d'entrée majeure vers le reste du corps. La cavité buccale abrite la deuxième communauté microbienne la plus diversifiée de l'organisme après l'intestin. Souvent, ce qui se passe dans la bouche est représentatif de ce qui se passe ailleurs dans le corps.

Le microbiote oral désigne l'ensemble des micro-organismes vivants dans la cavité buccale. Ce sont des bactéries en majorité mais aussi des virus, des levures... 

On distingue la flore commensale, plutôt protectrice, et la flore opportuniste plutôt délétère. Des matériaux artificiels (couronne, prothèse...) pourront constituer un site additionnel.

Ces sites de structures différentes font de l'écosystème oral un écosystème unique.

Plus de 700 espèces différentes ont été identifiées chez l'adulte.

Celles-ci se répartissent sur 9 sites :

  • la langue
  • le palais
  • les amygdales
  • la plaque sous et supra gingivale sur les dents
  • la gencive kératinisée
  • la muqueuse buccale
  • la gorge 
  • la salive

Développement du microbiote oral au cours de la vie :

La diversité et la spécificité de notre microbiote oral sont acquises à la naissance. Ces deux paramètres sont étroitement liés au mode d'accouchement et d'allaitement. Le microbiote salivaire se compose de bactéries indigènes spécifiques à l'individu, présentant une stabilité à long terme. Mais les changements structurels dans la cavité buccale (perte de dents, gingivite, parodontite...) peuvent conduire à des modifications écologiques affectant l'équilibre du microbiote de la bouche.

Les LACTOBACILLES sont dominants chez les enfants nourris au sein. Le microbiote oral se modifie ensuite et s'enrichit avec l'apparition des premières dents - ce qui correspond à l'introduction d'une alimentation plus solide. La diversification alimentaire viendra également enrichir les micro-organismes de la bouche, les aliments ayant leur propre microbiote. Il est utile de savoir que 25 % du microbiote des voies digestives supérieures et inférieures est du microbiote oral arrivé par la salive ou la nourriture. Les surfaces dentaires constituent un site d'ancrage stable pour le développement de biofilms à long terme. Ces derniers, riches en protéines, sont les sites d'attachement initiaux des micro-organismes colonisateurs. 

Certains micro-organismes sont communs aux différents microbiotes du corps. Par exemple, la levure Candida albicans est présente dans le microbiote oral, vaginal et intestinal. D'autres micro-organismes sont spécifiques à la bouche comme certaines bactéries aérobies (qui nécessitent la présence d'oxygène pour croître et se multiplier). Lorsque le microbiote oral est à l'équilibre (en eubiose), les bactéries commensales colonisent l'ensemble des surfaces de la bouche. Il reste alors peu de place pour la fixation des agents pathogènes. En cas de rupture de cet équilibre (dysbiose), les bactéries opportunistes prolifèrent, avec un risque accru de provoquer des infections locales et des perturbations systémiques (dans l'organisme c'est-à-dire à distance de la bouche). 

Rappelez-vous que la bouche est la porte d'entrée de l'organisme !

La composition du microbiote varie selon l'âge, les fluctuations hormonales et les niches buccales. La diversité des micro-organismes n'est pas homogène dans toute la cavité orale. 

Par ailleurs, le microbiote de la bouche est en étroite relation avec les écosystèmes voisins. C'est-à-dire les micro-organismes de la cavité nasale, du nasopharynx, de l'oropharynx, de la trachée et des poumons.

Les principaux acteurs de l'écosystème oral :

Nous avons compris que les sites de structures différentes font de l'écosystème oral un écosystème unique. Des composants biotiques (êtres vivants > micro-organismes) et des composants abiotiques (environnement physique) structurent cet écosystème. 

Les épithéliums tapissent la muqueuse de la cavité buccale et de la langue. Leur renouvellement se fait par desquamation tous les 13 jours. Ce processus élimine les micro-organismes fixés mais fournit une grande quantité de nutriments pour leur développement.

La salive, les dents et les micro-organismes sont les acteurs principaux de cet écosystème complexe.

La salive :

La fonction la plus importante de la salive est de faciliter la formation du bol alimentaire. Nous produisons entre 0,8 à 1,5 litres de salive / jour. Le débit de sécrétion salivaire varie de 0,25 à 0,35 ml par minute sans stimulation et atteint 1,5 ml par minute avec stimulation. L'expression populaire "avoir l'eau à la bouche" prend tout son sens. Pour plus de détails, je vous invite à consulter mon précédent article La digestion commence dans la bouche.

La salive est composée de bicarbonates et de phosphates qui lui confèrent un pouvoir tampon maintenant le pH proche de la neutralité. 

Elle contient également des protéines et des peptides à action antimicrobienne.

Les principaux sont :

  • cystatines et histatines
  • lysozymes, lactoferrine et lactoperoxydase
  • défensines
  • cathélicidine et calprotectine

Certaines enzymes (amylase salivaire et lipase) qui jouent un rôle déterminant dans les processus de digestion se trouvent dans la salive. Certaines personnes peuvent avoir un polymorphisme du gène de l'amylase salivaire (AMY1) les exposant à une moins bonne réponse glycémique après consommation d'aliments riches en amidon.

Notez que l'hypo-salivation, c'est-à-dire la diminution du flux salivaire, est la cause principale de développement de candidose buccale.

Les dents :

Les dents sont constituées d'une partie visible appelée couronne dentaire et d'une partie non visible incluse dans l'os alvéolaire, la racine dentaire. Le collet délimite ces deux zones.

L'émail est la couche la plus externe et la plus dure de la dent. Elle est principalement composée d'hydroxyapatite, substance minérale, qui recouvre la dentine. L'émail protège la dent de l'usure et des cariesIl se déminéralise en présence d'acide (aliments acides, pH salivaire trop bas, plaque bactérienne). 

La dentine ou ivoire, recouverte par l'émail, est la matière qui constitue la majeure partie de la dent. Elle est plus molle que l'émail. Au centre de la dentine se trouve une cavité qui contient la pulpe.

La pulpe dentaire, au centre de la dent, est l'organe vivant de la dent. C'est un tissu mou contenant des nerfs et des vaisseaux sanguins. C'est le nerf dentaire qui est à l'origine des douleurs lorsqu'il est enflammé, irrité ou infecté.  Les vaisseaux et cellules fabriquent la dentine.

Spécificité du microbiote oral :

La bouche est un écosystème unique et complexe du fait de la présence d'un support mou (la muqueuse) et l'autre dur (les dents) entrant tous deux en contact avec les aliments. Les bactéries qui peuplent cet écosystème se répartissent en deux groupes distincts :

Ce sont majoritairement des Streptocoques qui occupent la surface de la gencive (supra-gingivales) :

  • Streptococus mitis, S. mutans, S. salivaris, S. sobrinus
  • également des Lactobacilles
  • et des Actinomyces

Des souches anaérobies occupent l'espace sous-gingival. 

Les principales sont :

  • Campylobacter rectus
  • Fusobacterium nucleatum
  • Porphyromonas gingivalis

     

A l'état physiologique, ces souches vivent en symbiose et leur expansion est contenue par nos défenses immunitaires. Comme dans l'intestin, on parle de dysbiose lorsque cet équilibre est rompu. Les populations supra-gingivales détruisent les surfaces dures des dents et peuvent créer des caries alors que les populations sous-gingivales rongent tous les tissus de soutien des dents.

Zoom sur la plaque dentaire :

La plaque dentaire est une surface blanchâtre qui se dépose en permanence à la surface des dents. Elle est constituée de bactéries emprisonnées dans un gel très adhérent aux surfaces dentaires.

Composition de la plaque dentaire :

  >>> un peu de protéines salivaires 

+ quelques résidus alimentaires principalement sucrés 

+ quelques bactéries échappant au système immunitaire 

>>> un début de plaque dentaire se forme en 48 h !

+ En ajoutant des sels de phosphate et de calcium, la quantité de tartre est majorée.

Après chaque repas même suivi d'un brossage méticuleux des dents, des protéines salivaires recouvrent la surface des dents pour former la pellicule exogène acquise (PEA). Certaines bactéries qui trouvent leur nourriture dans les résidus alimentaires difficiles à éliminer par le brossage viennent se fixer à la PEA. C'est la naissance des premières colonies. D'autres populations viennent s'agréger - S mutans, sobrinus et Lactobacillus ssp. La colonie prolifère alors en 3 dimensions, se nourrit et se protège en formant un biofilm. Surtout en cas de brossage défectueux. Lorsque le phosphate de calcium produit par la salive intègre ce biofilm (plaque dentaire) se forme le tartre.

Le tartre est un biofilm ayant une consistance solide.

Ce processus constitue le début d'une cascade d'événements aussi surprenants

que méconnus et désagréables.

Les bactéries agressent notre organisme en permanence.

Ces bactéries sont à l'origine de divers types de lésions. 

  • Localement, au niveau buccal, elles peuvent provoquer des infections dentaires (caries, abcès dentaires) et des infections de la gencive (gingivites, parodontites, abcès parodontaux).
  • Elles peuvent également passer dans la circulation sanguine et être responsables d'infections diverses : pulmonaires, cardiaques et autres infections dont nous discuterons plus loin dans cet article.

Les caries dentaires :

Les caries se développent à la suite d'un déséquilibre écologique dans le microbiote oral stable. Les micro-organismes buccaux forment la plaque dentaire sur les surfaces des dents à l'origine des processus carieux et présentent les caractéristiques d'un biofilm classique. 

Les micro-organismes cariogènes produisent des acides lactique, formique, acétique et propionique qui sont des produits du métabolisme des hydrates de carbone (des glucides). Voilà pourquoi une alimentation trop riche en sucres favorise le développement de caries, surtout associée à un brossage défectueux. En outre, une consommation excessive de glucides va diminuer le pH de la cavité buccale ce qui va altérer l'homéostasie et favoriser la croissance et le développement d'espèces cariogènes et acido-uriques provoquant un cercle vicieux.

Streptococcus mutans et d'autres streptocoques du groupe des streptocoques non mutans, Actinomyces et Lactobacillus, jouent un rôle clé dans ce processus.

La gingivite et la maladie parodontale :

La gingivite est le premier stade de la parodontite. La présence de plaque et de tartre dans le sillon gingival (entre la dent et la gencive) entraine une inflammation de la gencive. Qui dit inflammation dit chaleur, rougeur et gonflement. Les gencives deviennent sensibles et enflammées. Elles saignent lors du brossage. C'est un signe d'alerte qu'il ne faut ni négliger ni banaliser !

Affirmons-le une bonne fois pour toutes :

>>> des gencives qui saignent en se brossant les dents n'est pas une situation "normale"

La gingivite est donc la plupart du temps d'origine bactérienne. Certains médicaments peuvent entrainer des gingivites comme effets délétères mais cette cause n'est pas la plus courante. La gingivite d'origine bactérienne non traitée peut dégénérer en parodontite. Les bactéries à l'origine de l'inflammation forment alors une poche entre la gencive et la racine et vont éroder l'os progressivement. Les micro-organismes pathogènes sont alors au plus près de la circulation sanguine et peuvent se disséminer dans l'organisme. La barrière hémato encéphalique étant très proche de la cavité buccale, le lien entre le pathogène Porphyromonas gingivalis et la maladie d'Alzheimer est documenté depuis de nombreuses années.

La technique HOMINGS (Human Oral Microbe Identification using Next Generation Sequencing) constiue l'une des méthodes permettant de déterminer la composition du microbiote salivaire de personnes souffrant de parodontite et de caries dentaires comparativement au microbiote oral de personnes saines

Les lésions locales aux conséquences systémiques :

Lorsque la maladie gingivale détruit la gencive et commence à éroder l'os, des molécules inflammatoires - cytokines - peuvent pénétrer dans la circulation sanguine via la lésion générée localement. Ces substances chimiques inflammatoires - cytokines - activent les cellules immunitaires et peuvent conduire à une inflammation chronique de bas grade associée ou non de troubles chroniques et dégénératifs sérieux (maladies auto-immunes, cardio-vasculaires, neuro dégénératives, diabète..) voire même la dépression et l'obésité. 

Les bactéries pathogènes peuvent également se déplacer depuis la gencive vers les tissus environnants et libérer des toxines qui se dissémineront dans l'ensemble de l'organisme. 

Et la mauvaise haleine ?

L'halitose est le terme scientifique pour désigner les haleines désagréables. Cette affection touche un grand nombre de personnes et elle est principalement liée à la production de composés volatils soufrés (VSC). Ce sont des bactéries anaérobies à Gram négatif résidant dans l'oropharynx (langue, gencives et amygdales) qui libèrent ces molécules. Ces micro-organismes sont les mêmes que ceux impliqués dans la maladie parodontale. Cette situation pourrait se révéler plus délétère que son seul impact sur la qualité de vie et les liens sociaux.

Troubles digestifs et altération du microbiote oral :

la bouche est bien la porte d'entrée de l'organisme, c'est également la première des étapes de la digestion. Au-delà du processus de mastication et de l'efficacité des enzymes salivaires, le lien direct entre le microbiote oral et la santé intestinale est documenté. Chaque jour, nous avalons des millions de micro-organismes qui arrivent directement dans notre estomac. L'acidité gastrique a pour rôle de "désinfecter" et de filtrer les microbes qui poursuivront leur chemin plus loin dans le tractus digestif. Un flux trop important de bactéries, champignons, virus en provenance de la bouche surtout en présence d'une quantité insuffisante d'acide chlorhydrique va engendrer une charge bactérienne conséquente au niveau du duodénum (début de l'intestin grêle).

Cet afflux de micro-organismes, pas forcément amicaux, pourra altérer l'état de la muqueuse du grêle et créer une inflammation locale.

 Ceci par plusieurs mécanismes : 

  • en modifiant la composition et l'équilibre du microbiote du duodénum qui devrait être idéalement peu abondant. Le duodénum est le lieu de l'absorption des nutriments. A cet endroit, la muqueuse est fine et constituée d'une seule couche de mucus, ce qui la rend fragile et sensible aux agressions
  • cette altération du microbiote de l'intestin grêle peut altérer la couche de mucus protecteur et créer une inflammation locale. Dans les dysbioses avancées, un leaky gut ou intestin hyper perméable (ou intestin poreux, intestin passoire) peut en découler. 

Ces conditions sont favorables au développement d'un SIBO  qui est une prolifération anarchique de bactéries dans l'intestin grêle. Il y a trop de bactéries au mauvais endroit. Ces bactéries fermentent les molécules qui devraient être absorbées à cet endroit et libèrent des gaz tels l'hydrogène, le méthane et l'hydrogène sulfureux. Les symptômes peuvent être digestifs et extra digestifs.

En effet, les cellules de l'intestin grêle absorbent moins bien les nutriments dans ce climat pro inflammatoire et perdent leur étanchéité relative. Des fragments bactériens (LPS) peuvent pénétrer dans l'organisme via cette barrière altérée. On parle alors d'endotoxémie. Des cytokines pro inflammatoires et ainsi sue des antigènes (du non-soi) peuvent également pénétrer la circulation sanguine.

Retenez qu'il est vain d'espérer résoudre des troubles digestifs sans se préoccuper de ce qui se passe dans la bouche.

La langue brûlante :

Une glossite (inflammation de la langue) est souvent associée à une carence en vitamine B12 voire à une anémie pernicieuse pernicieuse via une carence en vitamine B12. Préférez le dosage sanguin de la vitamine B12 dite active (holotranscobalamine) plutôt que le dosage de la vitamine B12 plasmatique. En cas d'apport alimentaire suffisant (protéines animales) et de déficit biologique un manque d'acidité de l'estomac peut être à rechercher. Un déficit en vitamine B9 peut également être présent ainsi que celui d'autres vitamine du groupe B.

La candidose buccale:

La candidose buccale est une altération du microbiote oral. La levure Candida albicans prolifère de manière excessive. De surcroit Candida albicans renforce l'adhérence de S. mutans au biofilm buccal et à la substance dentaire cariée. Les manifestations d'une candidose orale sont la présence de plaques blanches dans la bouche, d'une langue fissurée, de rougeurs et d'irritation de la muqueuse voire  de sensations de brûlure, de pette de goût et de difficultés à déglutir. Les facteurs favorisant la prolifération du Candida sont le port de prothèses amovibles, une hygiène buccale imparfaite, le tabagisme et le manque de salive. La prise d'antibiotiques et la chimiothérapie sont des facteurs exogènes bien connus. 

Des conseils de prise en charge de cette dysbiose orale seront proposés dans le prochain article.

Susceptibilités individuelles à développer ou non des altérations de la santé de la bouche :

Selon la qualité des défenses immunitaires de chacun, les organismes se défendent plus ou moins bien contre les agressions des micro-organismes en bouche. Certaines personnes vont développer des lésions importantes en présence d'une quantité réduite de tarte alors que d'autres peuvent supporter une grande quantité de tartre sans lésion. La susceptibilité individuelle à développer des caries ou des problèmes dentaires dépend essentiellement de 3 facteurs :

  • le "terrain" de la personne
  • la qualité du brossage
  • la qualité de l'alimentation

Ce sont 3 paramètres sur lesquels nous pouvons agir !

Facteurs qui impactent négativement l'écosystème oral :

De nombreux éléments, souvent insoupçonnés, peuvent impacter négativement la santé de la bouche. 

Respirer par la bouche :

Parmi ceux-ci il y a les troubles de la posture qui peuvent perturber la manière de respirer et modifier négativement le microbiote oral. Le fait de respirer par la bouche va modifier les concentrations d'oxygène et le pH de la bouche, assécher les muqueuses et diminuer le processus de salivation. Une rééducation peut être bénéfique aux personnes qui ne respirent pas ou pas suffisamment par le nez. Une respiration optimale se fait le dos droit, tête épaules et bassin aligné. Le fait d'être trop souvent et trop longtemps pencher sur les écrans n'améliorent pas ce paramètre.

Western-diet :

La qualité de l'alimentation joue un rôle très important. Les dents et les gencives sont constituées de composants organiques et inorganiques. La bonne santé dentaire nécessite des apports suffisants de phosphates et de calcium, de vit D, de fluor (attention aux excès notamment dans les dentifrices - les apports alimentaires suffisent largement), de vitamine K, de vitamine A et de vitamine C. Nous savons tous que le scorbut (carence sévère en Vitamine C) se manifeste entre autre par des saignements spontanés des gencives.

Chose incroyable, les carences en vitamine C seraient en recrudescence ! 

Une assiette colorée composée idéalement d'aliments de qualité biologique et peu transformés couvre généralement les besoins en vitamines, minéraux et antioxydants. Dans certaines conditions, les besoins nutritionnels peuvent être majorés.

Rappelons que toute prise de complément alimentaire devrait idéalement être proposée suite à une enquête de l'assiette. Le thérapeute évalue les apports, les besoins et les capacités d'assimilation de la personne. Une biologie permet de préciser et d'individualiser les besoins personnels. C'est la proposition de tout accompagnement en micronutrition.

La texture des aliments est à considérer avec attention :

Au-delà de la pauvreté nutritionnelle des aliments industrialisés, leur texture excessivement molle favorise les problématiques dans la bouche. Pensez aux milk-shakes, smoothies, burgers, sushis et gourdes de compote ultra présents dans nos sociétés occidentales. Ces aliments ne stimulent ni l'exercice de salivation ni celui de mastication. Un tel manque de stimulation favorise la fragilisation des gencives qui peuvent s'atrophier. Les dents peuvent perdre en ancrage. Des déchaussements dentaires peuvent apparaitre. Choisissez des aliments bruts et entiers sans oublier de mastiquer des deux côtés ! 

Le stress en excès :

Le stress mal géré assèche toutes les sécrétions digestives et la salive n'y échappe pas. Moins de salive c'est moins d'enzymes dans la bouche (amylase et lipase évoquées précédemment) donc une capacité de digestion amoindrie. Rappelons que la bouche est la première des étapes de la digestion. Les excès de stress surtout chroniques exercent des effets délétères sur le statut immunitaire, le rendant plus vulnérable aux infections. L'organisme contient moins aisément le développement de bactéries pathogènes qui peuvent proliférer plus aisément. Stress et anxiété peuvent modifier la comportement alimentaire vers des grignotages riches en glucides - le plus souvent. Le tabac et le vapotage ainsi que le fait de se ronger les ongles participent à l'altération de la santé de la bouche. Quand la pression monte, pensez au magnésium à une posologie supra nutritionnelle et aux plantes adaptogènes.

Zoom sur les troubles du comportement alimentaire - TCA - et la santé de la bouche :

Les troubles du comportement alimentaire se manifestent de différents manières. Les plus connus sont l'anorexie, la boulimie (avec ou sans vomissement) et l'hyperphagie. Plus qu'un problème alimentaire les TCA sont plutôt le fait d'une relation perturbée avec les aliments. Et avec soi-même. Les altérations de la santé de la bouche sont bien connues et documentées chez les personnes souffrant et ayant souffert de TCA. 

Le flux salivaire est diminué chez ces personnes surtout en cas de prises de médicaments anti-dépresseurs de type ISRS. Et la salive maintient un pH bénéfique à la santé de la bouche. Elle transporte également les nutriments (calcium, phosphate etc) indispensables à la minéralisation des dents. Les vomissements parfois pratiqués de manière "compensatoire" engendrent un gonflement des glandes salivaires qui va également modifier la composition de la salive. On parle de "joues de hamster" tellement ce phénomène peut être marqué chez certaines personnes souffrant de TCA. Les vomissements provoqués vont éroder de manière dramatique l'émail dentaire via l'acide chlorhydrique remontant de l'estomac.

Les carences nutritionnelles (macro et micronutriments) vont affaiblir le système immunitaire et affecter l'équilibre du microbiote de la bouche. Les lésions buccales se développent plus facilement ainsi que les candidoses orales. Les déficits en vitamines et minéraux vont perturber l'homéostasie engendrant une déminéralisation extrême avec retentissement sur la minéralisation des os et des dents. L'organisme puise dans la réserve minérale (os et dents) afin de tenter de maintenir l'équilibre électrolytique. 

Par ailleurs, les personnes souffrant de TCA ont la plupart du temps une hygiène bucco dentaire terriblement excessive et agressive. Les gestes sont souvent violents pour chasser tout résidu alimentaire de la cavité orale.

La fragilisation de l'émail dentaire qui en découle est le plus souvent irréversible.

Par ailleurs les personnes souffrant ou ayant souffert de TCA présentent une ostéopénie ou ostéoporose précoce. S'en suit la prescription de bisphosphonates, médicaments censés ralentir les processus de remodelage osseux. Hors l'ostéonécrose mandibulaire (nécrose de l'os de la mâchoire) est un effet secondaire bien connu de cette classe médicamenteuse. Malheureusement, les patient.e.s sont rarement informé.e.s de cet effet pour le moins délétère...un contrôle dentaire doit impérativement être réalisé tous les 3 mois lorsque ces médicaments sont pris.

Les variations hormonales :

Les oestrogènes ont une action trophique sur les tissus et les muqueuses. Lorsque le niveaux d'oestrogènes sont équilibrés, cela favorise un apport de nutriments vers les gencives assurant la nutrition des acteurs de la cavité orale. En cas d'excès d'oestrogènes réel ou relatif, cela va alors favoriser une augmentation de la perméabilité des vaisseaux des gencives et majorer les phénomènes de saignements gingivaux et parodontoses. Les femmes confrontées au syndrome prémenstruel peuvent connaitre des saignements des gencives chaque mois juste avant les menstruations. A l'inverse, la ménopause et donc la chute hormonale va plutôt engendrer une atrophie et une sécheresse de la muqueuse buccale. Les gencives comptent beaucoup de récepteurs aux oestrogènes, il n'est pas à exclure que l'ultra présence des perturbateurs endocrines puisse contribuer au déséquilibre de la santé de la bouche des femmes. 

Les femmes enceintes doivent se montrer particulièrement attentives de leur santé buccale ! Le microbiote oral communique directement avec le placenta. Le microbiote spécifique au placenta serait très similaire au microbiote buccal d'après les dernières découvertes.  La santé orale de la femme enceinte influe directement le futur microbiote du foetus.

Le diabète :

Les personnes souffrant de diabète surtout mal contrôlé présentent une glycémie (taux de glucose sanguin) trop élevée. Ces concentrations de glucose excessives sont présentes dans tous les tissus y compris au niveau des gencives favorisant un climat inflammatoire local (lié à l'inflammation systémique de bas grade) et la croissance et le développement de bactéries pathogènes et surtout de levures. Le déséquilibre du microbiote des personnes diabétiques est particulièrement documenté.

L'intolérance à l'histamine :

Plus inattendue, une intolérance à l'histamine peut être la cause de manifestations néfastes dans la bouche. L'histamine libérée en excès et / ou insuffisamment dégradée va générer des radicaux libres dont le peroxyde d'hydrogène. Cette molécule va provoquer une inflammation au niveau local en fragilisant l'épithélium (tissu de soutien) des gencives. Ces dernières deviendront gonflées, sensibles et saigneront au brossage. Le développement de caries et la fragilité de l'émail dentaire seront souvent associés car l'histaminose surconsomme de nombreuses vitamines et minéraux dans une lutte contre la libération de molécules pro oxydantes en excès. Le molybdène se voit particulièrement déplété, or celui-ci est indispensable à la minéralisation dentaire. 

Une hygiène buccodentaire insuffisante ou inadaptée :

Nous avons compris que la bouche est peuplée de microorganismes en lutte permanente pour "le gite et le couvert". Observer une hygiène buccodentaire respectueuse de l'équilibre des différents acteurs de la santé de la bouche est capital pour prendre soin de sa santé globale.

Les conseils extrêmement précis seront proposés dans le second article dédié au microbiote buccal.

Voici les principaux :

  • technique BASS pour se brosser les dents : brosse à dents à 45°
  • dentifrice sans fluor idéalement de qualité biologique
  • utilisation du fil dentaire ciré ou de brossettes interdentaires à chaque brossage 
  • brosse à dents petite tête à poils souples
  • bain de bouche du commerce hydroalcoolique absolument proscrit 
  • évitez l'utilisation d'huiles essentielles en bouche 
  • visite de contrôle annuelle chez votre dentiste - au minimum
  • détartrage régulier
  • éviter les soins abrasifs 
  • lutter contre le manque de salive

Plus d'informations pour prendre soin de votre bouche ?

Si vous souhaitez découvrir d'autres informations relatives à la santé de votre bouche n'hésitez pas à visionner l'émission qui lui est dédiée. Véronique MOUNIER et le Docteur François THIBAULT chirurgien dentiste fondateur du site PREVENTISSIMO m'accompagnent dans cette discussion passionnante. 

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J'espère que ces informations vous auront suffisamment sensibilisé quant à l'importance de l'écosystème oral, acteur majeur de votre santé globale. Un prochain article vous proposera des conseils et stratégies ciblées pour réguler les déséquilibres qui peuvent se produire dans la bouche. Et pour un accompagnement entièrement personnalisé c'est par ici :


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1 Commentaires

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Envoyé !

Kit
10 AVRIL 2025 à 22:07

Belle découverte que de lire un article de telle qualité. Si le microbiote intestinal a été vulgarisé, le buccal m'etait jusque-là plutôt inconnu. Merci pour avoir partagé une partie de vos connaissances avec les non-initiés.
Excellent article à partager sans hésitation

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